sanglante bécasse

Publié le par £akma de Kermal


Avant que Elie ne m’abandonne

           que sa volonté soit faite

 

lovée comme un serpent sous le drap du fantôme

qui suinte de pâleur aux rayons du matin

tournoyant son boulet pour tuer son chagrin

et dissiper les chairs, exploser les atomes,

neutraliser la vie qui cherche à l’incarner

et s’entremêle en vrilles de fleurs clématites

aux néants désolés où s’engouffre sa peur

[le relief de son chant plaintif et redoutable

retrace l’aventure au long cour qu’il raconte,

interminablement, tendu au ciel opaque

du rêve lancinant qu’il appelle son Dieu

qu’il tourne en cauchemar pour l’appeler Venise

qu’il sublime à jamais pour l’appeler Sophie

et dont il me rebat le cœur et les oreilles

selon qu’il flaire en moi un chien ou un ami]

j’ai mué lentement au cœur de sa racine

là où le mal sommeille à notre servitude

j’attends qu’il soit grand jour pour t’offrir mon présent

mon futur antérieur, mon conditionnel simple

un secret sans paroi où se love un serpent

un goulag où le froid le dispute à la faim

un domaine sans gloire où triment des vilains,

des braconniers honteux, mortifiés et sanglants

du sang de leurs femelles ouvertes à pleines mains

et de quelques bécasses abattues sur l’étang

un grenier où l’on dort en caressant le foin

doux comme la toison d’une jeune putain

un fief à ton vouloir d’y revenir enfin

Publié dans volatil

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