en guettant l'ennemi sur le chemin de ronde
j'ai si grand désir d'être à vous
que je façonne des poèmes
à vous convaincre de m'aimer ...
♥
sans vous ma vie est sans objet le temps ne passe que de loin l’ herbe croît entre les pavés et la nuit tombe avant l’aurore
je vois des chevaux au labour aussi petits que des santons sur des prairies en miniature je vois les brigands au festin les voyageurs dépossédés de leurs vitales victuailles de leurs pièces d’argent massif
je vois la forêt qui avance je vois le cerf changé en Christ sur les terres de Saint-Julien je vois la mer danser, là-bas au-delà du périphérique
des messagers fendent la nuit quand l’orage bat les fougères martelés de pluie jusqu'aux os aux martèlements des sabots de leur mutation sagittaire |
une langueur, comme un opium, ourle et brode mon quotidien l’inaccessible lendemain s’effondre quand je crois l’atteindre
fantôme engendré de la nuit cauchemar aux bottes de plomb sorcier en cape d’eau croupie obligatoire puanteur courtisan des marais stagnants fiancée des sables mouvants un hôte étrange et inquiétant qui me déclare “indésirable” …
et je continue de t’attendre dans les limbes du lendemain transie sur le chemin de ronde comptant les moutons à rebours et terrassée par le sommeil
j’ai mouru sans voir l’ennemi et sans souffrir mon agonie Tout est bien qui est bien fini
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