DEUIL EN VINGT-QUATRE HEURES
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Faire le deuil de toi ... te savoir mort
t'enfermer dans l'instant ... irréversible
Boire ton sang dans une coupe de crystal :
un toast porté aux nues où l'enfer prend racine
Capituler, toucher la terre du genou,
rendre hommage au vainqueur inerte et dépouillé
de la morgue éphémère et suintante d'ennui
que des voix acclamaient, sourdes et machinales,
en accords dissonants aux échos mols et mièvres
disloqués en chiffons sur des parois de glace
"Allégeance" est le mot qui me vint tout d'abord.
Je voulais faire serment de ma dépendance
à cette forme humaine qui m'avait frôlée.
Je voulais pénétrer dans ta chair affroidie
et m'y fossiliser pour les siècles des siècles
... donner à ce vieil ambre son authenticité
me souder à ton sort jusqu'à la nuit des temps
Je voulais tant rencontrer la Mort avec toi...
et tes phrases ronflaient de tant de suffisance,
fantômes déchus en costume d'Arlequin,
j'ai pensé que la farce était digne d'éloges :
j'ai fait sonner mon rire et j'ai battu des mains
sous le charme della comédia post mortem
que tu nous donnais là, clown triste irréductible,
en artisan rompu aux chutes théâtrales
qui ressuscite autant que pleuvent les bravos.
Mais le jour s'est levé, clair et cru, presque tendre.
Je suis encore en vie, et tu ne me vois pas.
Je passerai ces heures à t'aimer et t'attendre,
promenant dans les rues mon fardeau de sherpa
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